Marémotrice – Résidence artistique 2021
Emmener des artistes en mer, sur des îles ou autour des icebergs comporte une particularité: c’est leur métier
de sentir le lieu et ce qui s’y passe, c’est leur métier de transmettre ce qu’ils voient et vivent, au niveau sensitif,
émotionnel.
MaréMotrice organise depuis 2015 des résidences d’artistes à bord d’un voilier d’expédition de 15 mètres. La
démarche proposée consiste à confronter différents regards sur les régions polaires. Ces voyages se déroulent
de manière collective, quatre artistes et un ou deux membres d’équipage vivent et travaillent durant trois à
quatre semaines sur quelques mètres carrés.
Pour un laboratoire d’artistes en haute mer
Vous a-t-on déjà parlé de la qualité de la lumière, là-haut vers le pôle ? Vous a-t-on déjà décrit le bruit que
font les glaçons quand ils s’entrechoquent dans la brume ? Et la couleur d’un iceberg renversé, c’est comment ?
Il y a urgence à interpréter et noter cela : quand tout sera transformé, qui nous en parlera ?
Nous entendons effectuer un véritable travail de documentation subjective sur les régions polaires en pleine
mutation. Il existe passablement de données scientifiques sur le réchauffement climatique, la fonte des glaces,
l’évolution de la faune polaire, mais très peu de traces artistiques qui soient organisées.
C’est à travers le regard d’artistes, aux langages multiples, que nous souhaitons imprimer et graver ces images.
Des artistes dont le travail nous interpelle, que nous souhaitons emmener en mer, d’un iceberg à l’autre. Des
créateurs qui sauront nous surprendre et nous faire rêver en s’imprégnant des lieux qui nous sont si chers.
En organisant ces expéditions, l’association veut documenter les changements climatiques de l’océan et des régions
polaires et porter un regard sur les communautés humaines vivant près des pôles. Tout cela en invitant
à son bord une diversité de regards et de moyens d’expression : cinéastes, plasticiens, illustrateurs, peintres,
photographes, graveurs, écrivains, etc.
Cette résidence est une superbe opportunité pour découvrir un monde que je ne connais pas, l’arctique ! J’ai
été fasciné par les récits et les dessins de Paul Emile Victor, explorateur jurassien. Plus récemment, la galerie
Harmattan m’a offert un livre de Liv Anderssen «les filles bien ne vont pas au pôle sud» : une femme qui relie
seule en itinérance le pôle sud. Ces deux explorateurs m’ont donné l’envie de connaître ces lieux. Quand je
prends connaissance d’une résidence au Groenland sur un bateau à voile , je fonce ! Voguer à la découverte de
paysages grandioses, tout en force et en fragilité. Des montagnes, la glace, une biodiversité nouvelle. Profiter des
couleurs arctiques, comprendre les nuances pour ensuite les coucher sur la toile.
Observer des animaux dans leur environnement naturel, remplir mes carnets de croquis d’apparition fugaces,
peut être d’animaux curieux qui souhaitent rester plus longtemps au contact. Saisir les ambiances, l’océan, les
sons. Travailler ensuite au retour dans mon atelier pour retranscrire au travers de mes toiles mes souvenirs, mes
sensations. Faire découvrir au public le fruit de cette résidence grâce aux galeries et expositions en musées.
Le bateau à voile, j’en ai pratiqué en méditerranée en tant qu’aide équipage puis en stage du côté atlantique avec
les glénans il y a 10 ans . Allier voile et résidence artistique me permet de renouer avec une de mes passions.
Ce sera ma première résidence artistique et qui plus est dans un milieu hors du commun. Partager cette
résidence entre artistes de différents milieux dans un cadre exceptionnel me donne l’envie d’expérimenter au
plus vite.